Gabriel Durand (1750-1814), architecte, & Marguerite Bourdarot (~1754-1845)

Gabriel Durand (1750-1814), architecte, & Marguerite Bourdarot (~1754-1845)

par R. Péterlongo

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André Durand et son frère cadet Gabriel sont nés à Mathieu, dans le Calvados, respectivement en 1747 et 1750. Leur père était tailleur de pierre, comme beaucoup d’hommes du village. C’est de là que provient la fameuse « pierre de Caen ». Cette pierre calcaire d’une excellente qualité a longtemps utilisée dans l’édification des églises et autres édifices, dans la région ou même ailleurs (en Angleterre après la conquête normande).

Les deux frères partent exercer le métier de leur père à Paris, où ils feront une rencontre qui changera leur vie: celle de l’architecte Victor Louis. Ils deviennent proches collaborateurs et même amis. Ils accompagnent Louis à Bordeaux en 1773 pour la construction du Grand Théâtre dont il a obtenu la commande par le Maréchal de Richelieu, gouverneur de la province. André est « appareilleur et conducteur de travaux »[1], Gabriel seconde son frère, en particulier pour la maçonnerie.

Une fois le théâtre construit, André repart à Paris, mais Gabriel reste à Bordeaux. Chacun d’entre eux continuent cependant à travailler avec et pour Victor Louis. Gabriel le représente à Bordeaux où Louis a plusieurs commandes. Il commence à manier des fonds importants, ce qu’il fera jusqu’à la fin de sa vie. Il devient manieur d’argent.

Il a l’autorisation de son père pour se marier, il lui a signé une autorisation en blanc devant un notaire de Caen:

« Par devant nous conseiller du roy, notaire soussigné, est comparu Gabriel Durand tailleur de Pierre demeurant en la paroisse de Matthieu diocèse de Bayeux lequel a déclaré consentir que Gabriel Durand son fils demeurant à Bordeaux contracte mariage avec telle personne qu’il avisera bien et à tel endroit que bon lui semblera, donnant pouvoir au porteur du présent de le représenter tant au contrat de mariage qu’à la célébration d’icelui et par tout au besoin sera de faire faire toutes les publications de bancs (sic) et observer toutes les formalités requises et nécessaires… »

Le Grand Théâtre de Bordeaux

Cette autorisation date du 23 novembre 1778. Gabriel avait-il déjà rencontré Marguerite Bourdarot à cette époque ? C’est possible. Mais Marguerite n’épousera pas un tailleur de pierre.

En effet il est admis dans la compagnie des maîtres architectes de Bordeaux juste avant son mariage. On peut imaginer qu’il s’agissait d’une condition du consentement du père de l’épouse. La compagnie des maîtres architectes de Bordeaux est une corporation comme beaucoup d’autres sous l’ancien régime. On y accède par cooptation, il est fréquent que le fils succède au père, ou à défaut le gendre. Elle est donc relativement difficile d’accès pour un étranger.

La corporation a le privilège d’avoir le droit exclusif de pouvoir « entreprendre et faire édifice ou bâtiment neuf » (article 18 des statuts). Il y a bien sûr des fraudes, susceptibles de faire l’objet d’amendes.

D’après les statuts de la compagnie, pour y entrer « le candidat devra faire preuve de sa suffisance et chef d’œuvre et qu’il a servi les maîtres et travailler dudit métier, à Bordeaux ou dans quelque bonne ville, par tems suffisant. » Le chef d’œuvre de Gabriel Durand (l’œuvre à réaliser pour entrer dans la corporation) est une fontaine publique « composée d’un soubassement cylindrique supportant une pyramide conique établie en tour ronde, terminée en octogone, avec escaliers, voûtes, trompes etc… » et également le frontispice d’une église conventuelle avec ordre dorique. Il est admis au chef d’œuvre le 16 septembre 1779 (Son admission officielle dans la compagnie avec la réception de ses lettres de maîtrise date du 19 décembre 1780, il y avait des formalités à respecter après avoir réalisé le chef-d’œuvre. Il fallait payer des taxes, et il fallait prêter le serment d’observer les statuts).

Le contrat de mariage est signé la semaine suivante, le 24 septembre 1779. À l’époque, on ne se tape pas dans la main pour conclure un accord, on va chez le notaire, même si comme nos époux on n’a pas grand-chose à lui faire écrire.

Marguerite est la fille d’un bouvier (Augustin Bourdarot), c’est à dire d’un homme qui possède des bœufs. Par bouvier, il ne faut pas imaginer un éleveur vendant lait ou viande, mais plutôt un transporteur. On fait appel au bouvier pour transporter des marchandises, par exemple celles qui débarquent des bateaux. Certains documents mentionnent d’ailleurs Augustin Bourdarot comme « roulier »: c’est l’ancêtre de notre routier.

On sollicite notamment le bouvier pour les travaux publics. Il est susceptible de transporter les matériaux et outils utilisés sur les chantiers, comme ceux sur lesquels travaille Gabriel Durand.

Marguerite est lettrée comme on le verra, et sa correspondance montre qu’elle l’est même plus que son mari. Elle signe très clairement son nom sur son contrat de mariage, d’une main habituée à manier la plume (ce n’est pas si facile) alors que sa mère est illettrée et que son père signe maladroitement.

L’alphabétisation est en hausse importante dans les grandes villes comme Bordeaux. Marguerite a pu aller dans une école paroissiale, ou une école dépendante d’une congrégation religieuse féminine, comme celle des Ursulines qui ont une grande congrégation à Bordeaux, ou celle des Filles de la Charité de Vincent de Paul et Louise de Marillac. Les petites filles y apprennent « à lire, écrire et à faire d’autres honnêtes ouvrages convenables à leur sexe et âge. » Toujours est-il que Marguerite semble avoir reçu l’éducation lui permettant de ne pas être mal à l’aise dans les milieux que fréquente son mari. Elle est en relation avec Mme Louis, qui est une pianiste célèbre, et envoie au patron de son mari des dindes du Périgord.

Les affaires marchent probablement bien pour Augustin Bourdarot. Il parvient à doter sa fille de 3000 livres, que son futur mari reçoit comptant lors de la signature du contrat de mariage. Ce n’est pas mal, d’autant que Marguerite a cinq frères et sœurs.

Gabriel Durand déclare ne posséder que 1000 livres. Sa principale richesse est potentielle, c’est son appartenance (non encore officielle) à la corporation des architectes. C’est un jeune homme prometteur. Pour se faire une idée des montants, on peut se dire qu’une livre (valant 20 sous) correspond à peu près au salaire d’une journée de travail d’un ouvrier, par exemple un bouvier. On peut imaginer qu’à Bordeaux les prix étaient plus élevés.

La cérémonie du mariage a lieu le 26 octobre 1779 en présence d’André Durand, frère de Gabriel, dans la petite église St Rémy. Cette église, dont les bâtiments existent toujours et ont été transformés en espace culturel, est située derrière la place de la bourse. Elle sera désaffectée à la Révolution et ne sera jamais rendu au culte.

Dans les années qui suivent, Gabriel travaillera pour Victor Louis mais aussi pour son propre compte. Bordeaux s’est beaucoup agrandi au XVIIIe siècle, notamment grâce au très grand dynamisme du port. La population a fait plus que doubler au cours du siècle, cet accroissement est plus fort que dans toute autre grande ville française. C’est une ville d’immigration; ce mélange de population contribue évidemment à ce qu’on y parle depuis longtemps le français et non un idiome régional pour se comprendre. En 1790, elle est devenue la troisième ville du royaume avec environ 110 000 habitants. Il s’y bâtit donc de nombreux immeubles. Notre jeune architecte fait construire pour le compte de Louis un certain nombre d’hôtels particuliers.

Gabriel repart à Paris entre 1782 et 1786 pour s’occuper des propriétés du duc d’Orléans (le Palais Royal). Le futur Philippe Égalité confie à Louis l’aménagement des façades du jardin qui prennent leur aspect actuel.

Puis Gabriel revient à Bordeaux pour le chantier de la place Louis XVI (l’actuelle place des Quinconces), avec l’érection de nouveaux immeubles à l’emplacement du château Trompette. L’évolution des adresses auxquelles écrit Victor Louis à Gabriel Durand est en elle-même un résumé d’histoire de ces années, tant de son histoire personnelle que de l’histoire politique :

« A Monsieur Durand, inspecteur de la place Louis-Seize qui se construit à Bordeaux, à Bordeaux. »

« A Monsieur Durand, entrepreneur des travaux de la nouvelle place qui se construit à Bordeaux, à Bordeaux. »

« Au citoyen Durand, entrepreneur de bâtiments, à Bordeaux. »

Il faut comprendre que l’expression « Entrepreneur de bâtiment » est un quasi-pléonasme à l’époque. Le 5e dictionnaire de l’Académie Française de 1798 définit ainsi l’entrepreneur :

« ENTREPRENEUR, EUSE. subs. Celui, celle qui entreprend à forfait quelque ouvrage considérable, comme des fortifications, un pont, le pavé d’une Ville, la fourniture des vivres, etc. etc.
Il se dit plus particulièrement d’Un Architecte qui entreprend un édifice. Un bon, un habile Entrepreneur. Entrepreneur de bâtimens.
»

C’est par essence une activité risquée. D’ailleurs Mme Louis écrivant à Gabriel Durand pour lui recommander son neveu s’inquiète: « le mot entreprise me fait tremblé surtout quand il a rapport à quelqu’un qui n’en pouroit pas supporter une mauvaise. » (sic)

Le château Trompette était une forteresse dont la construction datait de la fin de la guerre de cent ans, lorsque Bordeaux était redevenu française. À la fin du XVIIIe, elle n’a plus guère d’intérêt militaire. Autrefois la forteresse était aux limites de la ville. Mais le faubourg des Chartrons, de l’autre côté de la forteresse, est devenu une partie de la ville. François de la Rochefoucauld prétend en 1787 qu’il s’agit « d’un des plus beaux faubourgs d’Europe. »[2] C’est là que les parents Bourdarot et le jeune couple Durand habitaient: aux Chartrons, rue traversière.

Le projet de Louis est une place en demi-cercle nommée Louis XVI ou Ludovise, d’où émergeraient 13 avenues symbolisant les 13 États américains, victorieux grâce à l’aide de Louis XVI en 1780. Depuis la place, on entrerait dans chaque avenue en passant sous un arc de triomphe encastré dans la façade.

Projet de place Ludovise par Victor Louis

Gabriel travaille au milieu des bureaucrates et des spéculateurs mais il n’est peut-être pas le plus naïf.

L’Etat royal, on le sait, a un important besoin d’argent. En 1784, le château Trompette est adjugé à la compagnie des associés Mengin et Gaudran. Le projet présenté est le plus rentable (7,5 millions de livres), probablement le meilleur (les plans et les descriptifs sont de Louis), et la compagnie n’était pas incapable de générosité en pot de vins.

Le hic est que les associés n’ont pas le premier sou de ce qu’ils prétendent payer à l’Etat. Ils comptent uniquement sur la spéculation. On n’est pas loin d’une escroquerie digne de Ponzi. Un garde du Trésor Royal est partie à la magouille. Il émet une quittance de versement des 7,5 millions en « espèces sonnantes et ayant cours »[3]. La quittance était fictive, il n’y a jamais eu de versement, mais simplement signature d’un billet à ordre.

Une clause du contrat prévoit la construction de nouvelles casernes à la charge de l’acheteur, et la compagnie se trouve même incapable de la financer ! Victor Louis accepte de se substituer à elle pour financer les casernes, en échange d’une grande surface des terrains à bâtir. Quant à Gabriel Durand, il achète à la compagnie des terrains pour 69.750 livres par acte du 13 mars 1787. Les a-t-il vraiment payés en totalité ? C’est en tout cas le début de près de 30 ans de procédures. Victor Louis ne pense pas que Gabriel Durand ait pu acheter ces terrains seul, il lui écrit à ce sujet : « Je pense que vous avé une compagnie solvable derrière vous pour l’acquisition de terreins que vous avés faite. Je regarde cela comme une trés bonne affaire pour vous suivant l’apperçu que vous m’en avés fait c’est positivement les terreins que j’ay pour sureté, dont vous avés fait l’acquisition. » (sic)

Victor Louis était un génie, montrant souvent un caractère vétilleux et tyrannique, comme on le dit de beaucoup de grands artistes. Est-ce la raison pour laquelle Gabriel Durand finit par se brouiller avec lui ?

En tout cas Gabriel Durand se comporte de manière assez déloyale. En effet il demande des instructions à Gaudran: « Je vous prie de me donner des ordres sur la manière que vous vous voudrez que je me comporte et que j’agisse tant envers [M. Mengin] qu’envers M. Louis, si mieux vous n’aimez que je me livre à l’ardeur de caractère de l’un et de l’autre. »

Les terrains de l’emplacement du château Trompette font l’objet de lotissement comme les terrains de l’archevêché qui donnent naissance à la même époque au quartier Meriadeck. Les travaux commencent d’abord très rapidement. Dès janvier 1786 Gabriel Durand a préparé le piquetage. Louis arrive le 20 janvier et reste quelques mois avant de lui confier la direction du chantier sur lequel travaille environ un millier d’ouvriers. La démolition est entamée, générant un très grand nombre de pierres pouvant être remployées. Les matériaux issus de la démolition ont été achetés avec les terrains. Les difficultés techniques sont dues à la proximité de la Garonne, il faut établir des fondations dans un sol spongieux et instable. Gabriel Durand convainc Louis d’utiliser des pilotis plutôt que des grillages.

En août 1786 débute la construction de l’hôtel commandé par le parlementaire Gobineau[4]. Les entrepreneurs veulent en faire un modèle, pour encourager les acheteurs et vendre les terrains à bon prix. C’est une immense maison triangulaire, avec des angles adoucis comme une proue de navire, que Gabriel Durand fait bâtir sous les ordres de Louis. Celui-ci est le plus souvent à Paris, occupé notamment par le Palais Royal et la Comédie française, mais il donne des instructions très précises. La maison aurait été construite en grande partie avec des matériaux provenant des démolitions du Château. C’est le seul bâtiment du projet qui sera achevé.

La maison Gobineau

Car le problème est également politique: Victor Louis est soutenu dans sa volonté de faire un nouveau quartier par Calonne, le contrôleur général des Finances et adversaire de Necker, qui est alors le principal ministre de Louis XVI. Il a besoin de ce soutien car les militaires occupants du château Trompette ne veulent pas quitter la forteresse.

Or Calonne est disgracié en 1787. Un arrêt du Conseil du roi ordonne l’arrêt des travaux et l’annulation de la vente de la forteresse en janvier 1787.

Louis ordonne alors à Gabriel de ralentir les travaux, et même de les conduire très lentement pour ne pas avoir l’air d’abandonner. En juin 1787 Gabriel Durand fait tout de même détruire les contreforts de la face sud du bastion du château Trompette. Mais en novembre les ouvriers sont licenciés et le chantier s’arrête.

La vente à Gaudran et Montmirail est ensuite annulée le 24 août 1790. Mais une décision du Directoire indemnise les acheteurs: « Ne seront point compris dans ladite vente les terrains acquis, par contrat public, du premier concessionnaire, avant le résiliement prononcé par l’arrêté du Conseil du 24 août 1790… » Si de nombreux nouveaux projets sont dessinés pendant la Révolution et l’Empire, il n’y aura aucune réalisation avant 1816.

Quid des terrains achetés par Gabriel ? Après une très longue procédure, ses héritiers obtiendront pour la part qu’il a payé en espèces une indemnité sous la forme d’une petite rente perpétuelle sur le Trésor (forme d’emprunt très courante à l’époque), qu’ils accepteront en 1824.

La construction des casernes, à l’emplacement du fort de Ha fut également interrompue, mais les travaux purent reprendre en 1789, toujours sous la direction de Gabriel Durand, représentant à Bordeaux de Victor Louis. Ils ne travailleront plus ensemble par la suite, même si Louis écrit encore à Gabriel en 1798 (en pluviôse an VI) pour lui demander des prix :

« le prix d’une toise de moilon rendu à pied d’œuvre compris l’entoisage et pour boire. Le prix d’un tombrau de sable et combien ces tombraux contiennent de pied cube. Le prix du pied cube de pierre dure pour libage… Le prix du cent de bois ordinaire sans façon. etc.. » Remarquons au passage que les deux architectes ne sont pas encore passés au système métrique.

Le jeune couple Durand s’installe au début de la Révolution au 6 rue Michel (déformation de Mitchell). Cela correspond actuellement au 16 rue Henri Rodel, face au consulat du Portugal. La maison est près du jardin public (qui serait d’ailleurs le premier jardin de France pensé dès sa création en 1746 pour sa vocation d’ouverture au public), devenu champ de mars à la Révolution, près aussi du chantier de démontage du château Trompette.

Gabriel Durand a gagné un peu d’argent. Au milieu des années 1780, il a pu acheter vaisselle, couverts en argent et bijoux. Ce sont les placements que l’on fait à l’époque. Gabriel-Joseph naît en 1790 et Narcisse Virginie en 1796.

Lorsque survient la Révolution, Gabriel commence à être pleinement intégré dans la corporation des architectes, occupant des postes de responsabilité. Il fut nommé « capitaine » de la corporation en 1788. Ce poste ne correspondait pas à la direction (pour cela l’architecte élu portait le titre de « bayle ») mais à l’organisation des fêtes et cérémonies où la corporation se produisait.

Pour les États généraux de 1789, la corporation rédige un cahier de doléances et élit un des 90 représentants à l’assemblée de l’hôtel de ville. En effet dans les villes, le Tiers État vote par corporation. Les délégués se réunissent ensuite pour rédiger le cahier du Tiers État de Bordeaux et élire les représentants de la ville envoyés à Versailles.

Le décret d’Allarde du 2 mars 1791 instaure la liberté du commerce et de l’industrie: « Il sera libre à toute personne de faire tel négoce ou d’exercer telle profession, art ou métier qu’elle trouvera bon. » Le décret est suivi, trois mois plus tard, de la loi Le Chapelier qui supprime toutes les communautés d’exercice collectif des professions, et donc toutes les corporations. Les diplômes remplaceront petit à petit les lettres patentes, mais c’en est fini des corporations d’architecte.

La corporation des architectes visitait les travaux et s’assurait du respect du droit de voirie (ancêtre du droit de l’urbanisme) établi par la jurande, c’est à dire la municipalité de Bordeaux. Ce rôle sera désormais joué par l’Etat ou par la municipalité.

Néanmoins, il faut bien chercher les compétences là où elles se trouvent, on fait donc appel aux mêmes: en l’an V (donc sous le Directoire), Gabriel Durand est appelé pour expertiser la Cathédrale Saint-André. Elle est en mauvais état, comme l’est également la tour Pey Berland, vendue comme bien national et promise à la destruction. Il était un temps prévu de transformer la cathédrale en temple de l’être suprême, mais à partir de l’an II, elle a surtout servi d’entrepôt à fourrages. Un trumeau de porte a été détruit pour laisser entrer les chariots. Tout a été récupéré: le plomb de la toiture, le fer des balustrades, l’étain des orgues et bien sûr les cloches. Heureusement la cathédrale sera restaurée sous l’Empire.

La correspondance de Gabriel Durand ne permet pas de savoir ses opinions politiques. Mais l’ancien compagnon maçon était-il franc-maçon ? C’est tout à fait possible. Son fils Gabriel-Joseph sera membre de la loge anglaise, fondée par des marins britanniques résidant à Bordeaux et au départ plutôt fréquentée par des Anglicans. Victor Louis était lui-même un éminent membre de la grande loge La Française, dans laquelle il avait été initié pendant son séjour bordelais. Le Grand Théâtre contiendrait des références maçonniques. Les spécialistes divergent sur la question. Il faut se méfier: le passionné d’ésotérisme trouvera des symboles et des métaphores partout. Toujours est-il que si l’on devait qualifier d’un mot le style de Louis (et de Durand), ce serait néo-classique et certainement pas maçonnique. Les références sont surtout à trouver dans l’Antiquité gréco-romaine (colonnes, fronton…).

On pourrait éventuellement penser à un autre indice d’appartenance à la franc-maçonnerie: l’absence totale de référence religieuse dans sa correspondance. Mais ce n’est pas si rare dans une époque qui est celle d’une déchristianisation massive, et ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle que la franc-maçonnerie française et l’Eglise catholique rentreront en conflit ouvert. L’argument pourrait donc être retourné. L’absence de référence religieuse est plutôt une des manifestations du caractère très pragmatique de Gabriel, éloigné de l’ésotérisme.

Une illustration de ce pragmatisme: la Révolution offre des aubaines à qui sait en profiter. En l’an IV, Gabriel achète une maison de campagne à St Médard à 15 km à l’ouest de Bordeaux. C’est un bien d’émigré, la maison confisquée d’une certaine « veuve Bastiat », mise dans une vente aux enchères à la bougie. Cela consiste à enchérir tant que les bougies sont allumées. Les enchères cessent dès que les chandelles ont atteint leur terme. Gabriel Durand remporte le lot mis en vente pour 1325 livres. C’est une bonne affaire d’autant qu’il est probable qu’il ait payé en assignats.

Adjudication à la chandelle

André Durand, le frère de Gabriel resté à Paris, y meurt le 6 brumaire an II (27 octobre 1793). Parlons un peu de la famille qu’il laisse. Gabriel devient un référent pour elle. La veuve d’André, née Elisabeth Laurent, a de la peine à élever seule leur fils Alexandre Gabriel Durand (né en 1785, probablement filleul de Gabriel si on en croit son prénom). Aussi envoie-t-elle le turbulent garçon vivre chez son oncle à Bordeaux. Elle écrit ainsi à Gabriel qu’elle appelle « son frère » selon l’usage de l’époque : «  …en parlant franchement, qu’en ferai-je à Paris ? Peut-être un libertin que je ne pourrai pas contenir. Cette idée m’afflige. Ne lui en parlez pas, elle pourrait l’affliger aussi, mais un jeune homme dans l’âge des passions a besoin d’un frein pour le retenir, et celui d’une mère est beaucoup trop faible à moins que le jeune homme n’ait une raison qu’on ne peut guère attendre à l’âge de mon pauvre Alexandre. »

Elisabeth est repartie vivre chez ses parents, elle écrit d’ailleurs « Papa et maman… Alexandre semble les avoir oubliés, il ne leur écrit jamais. Je vous prie de lui faire le reproche de ma part. Adieu mon cher frère, embrassez bien tendrement ma sœur de ma part et vos chers enfants… », et elle signe « Pour la vie votre sœur et amie E. Vve Durand. »

A la fin des lettres de la veuve Durand exprimant l‘espoir de voir Gabriel arriver à placer son fils dans une maison de commerce ou de banque, les soeurs d’Alexandre Gabriel se partagent la place sur le papier pour écrire à leur frère: « Mon cher frère, je profite de l’occasion que maman écrit à mon oncle pour te prouver que je t’aime toujours et te prier de m’écrire quand tu lui écriras. Je ne peux t’en dire plus car Adèle à encore à t’écrire. Adieu mon cher frère, je suis pour la vie ta sœur aimée. Joséphine Durand »

Nous sommes en époque romantique, loin de l’austérité qui prévaudra plus tard.

Notre tête brûlée émigrera aux Etats-Unis à 17 ans, à l’été 1803. Il reviendra en France pour entrer dans la garde nationale.

Laissez-passer de Gabriel Durand – An XIII (1805)

Sous l’Empire Gabriel va participer à un autre grand chantier. Il reçoit un jour une lettre de quelqu’un dont il ne se souvient pas de prime abord.

« Rochefort 26 brumaire an 11

Me voilà devenu votre voisin mon cher cousin, probablement pour plusieurs années. Nous nous trouvons chargés à deux de l’entreprise d’un fort se trouvant placé sur un banc de sable qui découvre quelque fois lors des marées de l’équinoxe et qui se trouve situé entre l’isle d’Aix et l’isle d’Oléron avec une bonne carte vous verrez le point où nous devons le construire…

à présent nous sommes entrepreneurs et c’est à nous à aviser aux moyens de gagner quelques petites choses en servant bien le gouvernement et pour cela, mon cousin j’ai une série de question à vous faire sur lesquelles je vous prie de me répondre le plutôt que vous pourrez…»

Cette personne s’avère être son cousin Jacques Fresnel. Il est le fils d’un autre Jacques Fresnel, qui était l’ami d’André Durand père de Gabriel, et comme lui tailleur de pierre habitant Mathieu. Il est également le père d’Augustin Fresnel, qui deviendra le célèbre physicien démontrant le caractère ondulatoire de la lumière. Leur lien de parenté vient de ce que les mères de Gabriel Durand et de Jacques Fresnel fils étaient cousines germaines.

Il fut l’architecte d’un fort au large de Cherbourg, mais il vient de passer les années de troubles révolutionnaires terré à Mathieu. On aura reconnu le fort à construire par la description de son emplacement: il s’agit du fort Boyard.

Fresnel écrit à Gabriel pour lui demander les prix de différentes choses nécessaires à son chantier, prix des matériaux et prix des journées de travail des ouvriers spécialisés. Il demande également des gardiens pour les forçats qui travailleront sur le chantier : c’est une étude de prix complète. « …depuis votre réponse nous verrons quelles sont les ressources que Bordeaux peut nous procurer il ne suffit pas d’avoir de grandes sommes à dépenser il faut les dépenser.. avec ordre. Mon associé est M. Hubert avec lequel j’ai fait construire le plus beau des forts de Cherbourg. C’est ce même fort qui fait que le ministre nous a approuvé pour la construction de celui cy et qui nous fait connaître de tous les principaux ingénieurs. Je me retrouve en ouvrage après avoir passé 8 années à Mathieu à mourir d’ennui sans oser faire la moindre affaire avec le gouvernement d’alors. »

Gabriel est médusé:

« Rien ne peut égaler ma surprise en lisant votre lettre mon cousin, que le plaisir que j’en éprouve… Le nom de Fresnel est un nom que ma mémoire révère en songeant à ce bon parent de ce nom.

Pardon mon cousin qui venez de m’écrire, écrivez moi encore et dites-moi qui vous êtes ? Etes-vous comme me l’assure ma femme le fils de ce bon cousin Jacques Fresnel ? Pardon d’en douter, battu par les événements de la Révolution, dix ans ont été pour moy un siècle qui fait que ma mémoire… »

Cette correspondance nous apprend que Gabriel n’avait plus de contacts avec sa famille de Mathieu.

Fresnel dans une autre lettre, se déclare fatigué.

« Que ne suis je plus jeune ! Mais touchant à ma 50aine (j’en ai 47 bientôt 48) le fort Boyard fait, je m’en retourne cracher sur mes tisons à moins qu’un de mes enfants ne s’avise de prendre le périlleux état d’entrepreneur. »

Il ne restera malheureusement pas longtemps devant ses tisons, il meurt à Caen en 1805.

Gabriel a mis un pied sur le chantier. Hubert, l’associé de Fresnel, cherche à se désengager après sa mort. Gabriel les remplace en s’associant avec son collègue Bernard Burguet.

Ils se connaissent sans doute très bien. Ils sont devenu maîtres architectes dans la corporation de Bordeaux à la même époque. Burguet est lui aussi le premier d’une dynastie de trois générations d’architectes. Les Durand et les Burguet sont les auteurs d’innombrables bâtiments de Bordeaux.

Le but de la construction du fort Boyard était de protéger la rade de l’île d’Aix en la mettant dans sa totalité à la portée de canons.

Gabriel s’installe à Boyardville. C’est le camp de base de l’île d’Oléron. Le chantier est très compliqué. Des milliers de mètres-cubes de rochers sont déversés. Mais à plusieurs reprises, les tempêtes d’hiver détruisent le travail de l’année. Les forçats (certains sont des prisonniers autrichiens) ne veulent pas embarquer car ils croient qu’on les envoie aux galères. Les dépenses dépassent largement les prévisions, elles sont telles que les paiements sont différés.

Gabriel semble s’être désengagé avant la catastrophe, probablement dès 1805. La « campagne de l’an XII » semble avoir été sa dernière[5]. Et en effet tout cela finira mal. Le chantier est extrêmement coûteux et les retards de paiement provoquent des mutineries. La bataille des brûlots du 11 au 15 avril 1809, précipitera la fin du chantier. Les Anglais envoient une trentaine de brûlots sur la flotte française. Les vaisseaux protégeant la rade échouent en tentant de fuir, puis les Anglais canonnent. Une bonne partie de la flotte française est détruite. Le fort Boyard ne sera pas construit à cette époque. Il ne sera construit qu’entre 1841 et 1857.

Des sommes immenses ont été dépensées en pure perte. Cela contribue sans doute aux retards de paiement, y compris pour Durand et Burguet. Le fils Burguet ira en 1813 réclamer les paiements à Paris jusque dans les locaux du ministère des finances.

Gabriel finira sa carrière avec un dernier grand chantier : le pont de Bordeaux. On appelait ainsi le pont de pierre car il était le premier. Avant l’achèvement du pont on traverse la Garonne en bac. La construction a été décidée par Napoléon en 1810. Outre les raisons qui à notre époque paraissent évidentes, les raisons de la construction sont aussi militaires, comme pour beaucoup d’infrastructures. Lors de la guerre d’indépendance espagnole, l’armée a dû traverser en bac, ce qui l’a considérablement ralentie.

Gabriel remplit sur le chantier les fonctions de payeur, sous les ordres de l’ingénieur Deschamps. Il prépare l’adjudication des fournitures. Il évalue et négocie les prix des différents ouvriers et les paie une fois le travail achevé.

La construction sera longue. Le pont ne sera inauguré qu’en 1822. Le pont de pierre permettra de faire du quartier de la Bastide, rive droite, un véritable quartier de Bordeaux. A la mort de Gabriel Durand, seules quelques piles sont en place, et à ce stade du récit on n’en sera pas surpris, il n’a pas été payé.

Le pont de Bordeaux (ou pont de pierre)

Il meurt à 64 ans, le 7 mars 1814, cinq jours avant l’entrée dans Bordeaux du duc d’Angoulême. Le neveu de Louis XVIII est accompagné de l’armée anglaise qui occupe la ville sans combats. Cette date du 12 mars 1814 sera exploitée par la propagande royaliste de la Restauration. On peut en effet en faire un point de départ du nouveau régime. L’héritier du trône qui naîtra en 1820 sera nommé duc de Bordeaux en souvenir du ralliement de la ville.

Les sources manquent pour savoir précisément les causes de la mort de Gabriel. On sait cependant qu’il se soignait en buvant des apozèmes amers. L’apozème, tisane très concentrée, est à la mode dans la médecine de l’époque. On en concocte de toutes sortes, pour tout soigner. L’amertume pour sa part, que notre palais rejette naturellement, fait encore aujourd’hui l’objet d’un goût paradoxal qui se manifeste avec nos apéritifs et nos bières.

Le mot d’apozème est rarement employé aujourd’hui mais la phytothérapie est toujours très prisée. C’est le cas de le dire : on réinvente sans cesse l’eau chaude. Voici la recette du médecin de Gabriel :

Une poignée de pissenlit et une demi-poignée de germandrée dans une livre et demi d’eau. On fait bouillir et réduire d’un tiers. On boit le remède le matin avec du sel de Glauber, le soir nature.

Je vous laisse imaginer les effets. Gabriel devait avoir des problèmes digestifs ou urinaires.

À sa mort il laisse deux héritiers (Gabriel-Joseph et Narcisse Virginie) se partageant 16.400 livres de biens, et une veuve bien embarrassée par les affaires en cours, avec des dettes et des créances. Ni l’affaire du château Trompette, ni bien sûr celle du pont de Bordeaux ne sont définitivement réglées.

Marguerite écrit le 5 avril 1816 à l’ingénieur Deschamps, responsable de l’édification du pont de Bordeaux.

Voici un aperçu de son style:

Je vous envoie les pièces qu’a demandées M. Molier et avec elles la note qu’il vous a remise à ce sujet; il aura maintenant tout ce qu’il exige ; et par conséquent il ne paraît pas possible qu’il s’élève de nouvelles difficultés de ce genre: à ces pièces j’ai joint une procuration en votre nom avec le pouvoir de subroger vous même qui bon vous semblera pour recevoir les sommes dues. Peut être cette dernière pièce ne sera-t-elle pas nécessaire mais ce ne sera alors qu’une précaution inutile.

Sans doute M. j’en agis bien librement avec vous dans cette circonstance mais j’espère trouver mon excuse dans ma situation malheureuse et dans les sentiments généreux dont vous nous avez donné les marques en ayant pour nous tant de bontés. Veuillez nous continuer ces bontés, M., pour obtenir la prompte rentrée de nos fonds, vous m’en avez donné votre parole, et elle m’est bien nécessaire je vous assure pour me soutenir contre toutes les tribulations qui m’accablent.

Je ne me croyais pas la force de soutenir la perte de mon mari, je ne l’ai supportée qu’en me rappelant que j’étais mère, j’ai opposé tout mon courage au malheur affreux que j’éprouvais. Maintenant un nouveau coup me menace, il me renversera si vous ne venez à mon secours et à celui de mes enfants.

Vous savez M. que mon mari a souscrit un contrat d’obligation pour une somme de 15000 Si les fonds qui nous sont légitimement dus ne nous reviennent pas bientôt, je serai forcée de vendre nos immeubles, vous sentez M. que dans les circonstances actuelles, ce ne pourrait être sans une perte énorme. Ce coup serait certainement le dernier, il compléterait notre ruine… »

Si ce lyrisme vous effraie, rassurez-vous: tout se finira bien, Marguerite ne vendra pas sa maison. Elle y décédera en 1845 longtemps après son mari, à plus de 90 ans. Gabriel-Joseph succèdera à son père à son poste auprès de l’ingénieur Deschamps.

Grand Théâtre, Château Trompette, Maison Gobineau, Fort Boyard, Pont de Bordeaux… Gabriel Durand aura participé à un niveau élevé de responsabilité aux plus grands travaux de sa région d’adoption.

Son fils et son petit-fils réaliseront de nombreux bâtiments de Bordeaux. Pour exemple on peut citer la Galerie Bordelaise pour Gabriel-Joseph et l’Université, actuel Musée d’Aquitaine pour Charles.

Sources

Il existe un fonds Durand (5J) aux Archives départementales de la Gironde: 5J117 Papiers personnels de Durand, 5J67 Château Trompette, 5J102 Fort Boyard, 5J73 Pont de Bordeaux

3E3079 Contrat de mariage Gabriel Durand Marguerite Bourdarot

3Q4 Successions acquittées

Bibliographie

Carvais Robert, La Force du Droit. Contribution à la définition de l’entrepreneur parisien du bâtiment au XVIIIe siècle, Histoire, économie et société, 1995, 14ᵉ année, n°2. Entreprises et entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics (XVIIIe-XXe siècles) sous la direction de Dominique Barjot. pp. 163-189.

Dauphinot Rémi, « Destructions, “vandalisme” et protection du patrimoine à Bordeaux et en Gironde pendant la Révolution française », Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 113, N°234, 2001. Études d’histoire urbaine. pp. 171-190.

Desforges André, L’histoire des maires de Bordeaux, les Dossiers d’Aquitaine, 2008

Dinet Dominique, « L’éducation des filles de la fin du 18e siècle jusqu’en 1918 », Revue des sciences religieuses, 85/4 | 2011, 457-490.

Durand Charles, « Victor Louis architecte du grand théâtre de Bordeaux », Actes de l’Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux, 1879. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33977c/f116.image]

Durand, Charles, Société des architectes de Bordeaux. Compte rendu.II. La corporation des maîtres maçons et architectes de la ville et fauxbourgs de Bordeaux. La Société des architectes de Bordeaux 1594-1878. Notes et documents historiques relatifs à la corporation 1723-1790, Hagot, 1878

Marionneau Charles, Victor Louis, architecte du théâtre de Bordeaux, Bordeaux, 1881 [en ligne]

Ozanam Denise, Claude Baudart de Saint James, Droz, 1969

Recueil des titres justificatifs de la propriété de l’emplacement du Château-Trompette et ses dépendances, en faveur de Messieurs Mengin de Montmirail et Gaudran, Duprat 1787

Taillard Christian, Victor-Louis (1731-1800), Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2008 [biographie très complète, la plupart des informations concernant Victor Louis en sont issues]

Taillard Christian, « De l’Ancien Régime à la Révolution : l’histoire exemplaire des projets d’aménagement du Château Trompette à Bordeaux », Revue de l’Art, 1989, n°83. pp. 77-85.

  1. L’appareilleur, comme son nom l’indique, s’occupe de l’appareil des pierres du bâtiment. Il dessinait par exemple la taille exacte de la pierre à placer dans une voûte. Il faisait le lien entre l’architecte et l’ouvrier tailleur de pierre.
  2. Cité dans Histoire des Maires de Bordeaux, p. 238
  3. Recueil des titres justificatifs de la propriété de l’emplacement du Château-Trompette et ses dépendances, en faveur de Messieurs Mengin de Montmirail et Gaudran, Pallandre, 1787 [en ligne]
  4. Le commanditaire est Thibault-Joseph de Gobineau, conseiller au Parlement de bordeaux, grand-père de l’écrivain.
  5. En tout cas il n’y a pas de document postérieur dans ses archives, à part les demandes de paiement.